L'enfant sauvage
un film de François Truffaut (1969)
Plan
Problématique : Ne sommes nous finalement pas plusque des animaux instruits?
1. Présentation du film
• Résumé
• Biographie de François Truffaut
2. Analyse
• De l'affiche
• Procédés visuels
3. Interprétation
Conclusion : Réponse à la problématique et liens avec la séquence.
1. Présentation du film
• Résumé
Celui qu'on devait appeler « Victor de l'Aveyron » avait été aperçu plusieurs fois depuis 1797 dans la forêt, errant entièrement nu et fuyant à l'approche des hommes. Cet enfant âgé apparemment d'une douzaine d'années, fut capturé pendant l'été 1798. Il s'échappe plusieurs fois, est repris et finalement conduit à Paris où il est exposé à la curiosité du public comme un monstre de foire. Son comportement étrange surprend tout le monde. Il ne parle pas, n'émet qu'un son, toujours le même. Son regard semble glisser sur les objets sans jamais se fixer. Il ne manifeste ni joie ni peine, ne supporte aucun vêtement et cherche continuellement à mordre jusqu'au sang les mains qui se tendent vers lui. Pour Pinel, célèbre aliéniste de l'époque, il s'agit d'un idiot irrécupérable. Son jeune collègue Jean Ward, médecin de l'Institution des Sourds-Muets, pense au contraire que Victor (c'est lui qui le baptisa ainsi) peut redevenir un enfant comme les autres. Il suppose que 1' enfant a été abandonné en bas-âge dans la forêt et qu'une bonne éducation le rendra tout à fait humain. C'est à cette tâche que le jeune docteur consacre désormais tous ses soins. Il installe l'enfant chez lui, lui apprend à porter des habits, à se tenir a table, et même à lire les lettres de l'alphabet. II va parfois trop loin, imposant un trop lourd effort à l'enfant qui a des crises nerveuses. Tous les jours, de nouveaux progrès sont accomplis. Ward éveille même chez son protégé le sens de la justice. Il tente une expérience : il le punit injustement et surveille la réaction de l'enfant. Celui-ci crie et trépigne jusqu'à ce qu'on lui donne raison. Ward est, à juste titre fier de sa réussite. Un jour, l'enfant disparaît. La fugue est longue, mais Victor reviendra de lui-même à ce qui est désormais « son foyer », « sa famille ». Il a encore beaucoup de choses à apprendre.
• Biographie de Francois Truffaut
Naissance :
06 février 1932 à Paris
Décès :
21 octobre 1984 à Neuilly-sur-
Seine (Hauts-de-Seine)
Liens familiaux :
Il se marie en 1981 avec l'actrice Fanny Ardant.
Après une enfance solitaire et malheureuse, un service militaire interrompu par une désertion, François Truffaut devient critique de cinéma en 1951 grâce à André Bazin. Aux « Cahiers du cinéma » puis à Arts, il est un des critiques les plus brillants et les plus provocateurs des années 50. Adepte d'un cinéma résolument classique représenté par Jean Renoir ou Jacques Becker, il fustige le cinéma français de l'époque et exalte certains maîtres du cinéma américain. Il défend un cinéma " d'auteurs " et préfigure ainsi l'avènement de la « Nouvelle vague » dont il est un des théoriciens.
2. Analyse
• L'affiche
Sur cette affiche, datant de 1969, on aperçoit un jeune garçon, nu, accroupis au bord d'une rivière dans la forêt. L'enfant n'est vêtu d'aucun habit, a de longs cheveux noirs et paraît sale. L'enfant est au centre de l'affiche dans son environnement « sauvage » . Le corps de l'enfant est tourné de façon à ce qu'il soit ¾ de profil et son visage de face. L'expression de son visage nous paraît attentive et surprise.
La couleur dominante de cette affiche est le vert, de petites touches de noirs ainsi que le cops pale de l'enfant qui, grâce à ce procédé, est mis en valeur. En haut de l'affiche y est écrit le nom du réalisateur qui est aussi l'acteur principale de ce film ( le dr. Jean Ward ). Puis le titre du film en caractère gras, écrit dans une plus grande taille de police pour le mettre en avant créant un contraste avec la clarté de la peau de l'enfant. Et enfin le nom de l'acteur quoi joue le personnage de « Victor » soit l'enfant sauvage en majuscule ainsi que le nom de du directeur de la photographie et de la production.
• Procédés visuels et Interprétation
Intérieur/extérieur :
Truffaut met en évidence le conflit entre la civilisation et la nature en opposant la nature et les maisons, l’intérieur et l’extérieur. Parmi les moyens utilisés notons l’omniprésence du motif de la fenêtre qui marque la séparation et aussi le passage possible de l’un à l’autre. La fenêtre est d’ailleurs aussi source de la lumière qui peut symboliser la raison. Le « dedans protège mais aliène », le « dehors est toujours regardé, rêvé et désiré. » Thème à la fois de la limite et de la limitation
Fenêtres
I. Les fenêtres fermées.
a) Vues de l’intérieur :
Appartement d’Itard : écritoire placé devant la fenêtre fermée. Regarde vers extérieur quand il évoque Victor. Victor est l’être du dehors, de la nature.
10mn : dans la grange où il est enfermé, Victor brise la fenêtre avec la tête en cherchant à s’enfuir comme un oiseau.
Passage où enfant est sous la lune ou sous la pluie : Itard est coupé de la nature, de la pluie et de la lune. C’est filmé en champ/contre champ Elles sont souvent cadrées de l’intérieur comme un appel de l’extérieur. Cela donne un sentiment d’enfermement. Cela traduit le désir de Victor de se retrouver dans la nature.
b) Vues de l’extérieur :
A l’institut, les deux savants observent Victor derrière une fenêtre fermée. Ils sont radicalement différents de l’enfant. Il n’y a pas de liens entre eux à part la curiosité scientifique. D’autre part la composition de l’image les maintient chacun dans un cadre elles sont filmées de l’extérieur, elles peuvent donner un sentiment d’enfermement mais être aussi le signe de la socialisation comme dans la scène où Victor apprend à mettre son pantalon. Même chose après la punition injuste, Victor est vu de l’extérieur, il est dans le monde des humains. Parfois combinaison des deux, les deux mondes se complètent et interagissent l’un en fonction de l’autre. ( ex Chez les Lémeri arrivée de Victor vue trois fois depuis l’intérieur de la maison. Socialisation. Notez que la fenêtre est fermée la 1ère fois, puis ouverte comme une invitation alors que Victor est en arrière plan, puis elle est entr’ouverte et c’est Victor qui a appris à sourire qui s’approche d’elle.)
II. les fenêtres entr’ouvertes :
Cadrées de l’intérieur, elles sont un appel de l’extérieur. Comme une hésitation entre deux mondes, entre deux vies.
La fenêtre entr’ouverte à la fin : c’est une possibilité du retour de Victor # fenêtre fermée dans la nuit : Itard n’a plus d’espoir.
III- Les fenêtres ouvertes :
C’est souvent aussi un jeu entre les deux tentations, la nature et la culture. Victor boit son eau ou son lait. Comme si le fait de boire le remettait en contact étroit avec la nature et les plaisirs de sa vie d’avant. Arrivée de l’enfant dans la maison. Postée dans l’entrée, la caméra filme madame Guérin qui guette l’arrivée du fiacre avant de sortir dans la cour pour accueillir le sauvage. Remarquer l’évolution de la marche de Victor qui entre dans la maison presque debout et commence à gravir péniblement les escaliers de même. Autre interaction
intérieur/extérieur : l’enfant met la table et son tuteur arrive derrière la fenêtre et explique le geste de Victor qui tapotait le ventre de madame Guérin avec son écuelle. Victor se retourne vers l’intérieur de la maison : il reçoit son nom.
La scène du mot « lait » : elle est vue de l’extérieur, à la fin. Le docteur Itard regarde vers l’extérieur : pour lui, c’est un échec, Victor n’a pas compris le rôle du langage, il est encore « de la nature » mais c’est aussi par là que l’on peut s’échapper quand l’appel est trop fort. La dernière fenêtre : celle qui nous remplit d’émotion et de joie.
Escaliers
A l’institut : Pinel et Itard s’arrêtent au milieu des escaliers pour parler du sort de Victor. (confrontation des deux théories ? Observer le point de vue , la contre plongée : On ne sait qui a raison.). Itard décide de le prendre chez lui. Plongée panoramique et travelling arrière. A l’arrivée de Victor chez le docteur. Plongée, gros plan sur le bas des jambes.(victoire de la version de Pinel ?) A la fin, il gravit les escaliers avec madame Guérin, s’arrête pour nous regarder. (Victoire de la version d’Itard ?) Passage de l’état de nature à celui de culture. (# terrier, dormir par terre).
Autres motifs visuels
Le feu, la bougie connotent la civilisation. La clé : en dessin, placard du lait chez les Lémeri qui ouvre la porte de la connaissance et celles chez le dr Itard, la clé n’est pas à sa place.
Cadre et mouvement de caméra
Cadre : Il est souvent fixe. Composition : angles durs, morceaux de portes et de fenêtres, lignes droites, murs blancs sans perspectives, tableaux noirs, couloirs. La composition contraste avec les nombreux mouvements de caméra qui prennent en charge le désir de mouvement, de liberté, d’espaces ouverts surtout de Victor. Ces mouvements luttent contre l’emprisonnement du cadre, ils cherchent l’horizon, la perspective, celle de la nature comme un enfant qui boit son eau. D’un côté les cadres secs et dépouillés d’une existence austère dédiée à l’instruction mais par laquelle tout être qui aspire à l’humanité doit passer. De l’autre le mouvement de la vie et de l’espace qui traduit le refus de Victor de l’enfermement.
Cf opposition : Victor dans son arbre et ensuite à l’institut. ( Ex de plan séquence : les voyelles. Pour André Bazin, l’idéal est le plan séquence qui est censé nous donner la réalité brute. Ici, il est très travaillé.)
Montage : cut, iris, fondu enchaîné . une ouverture « à l’iris » et que ce procédé permet de donner une impression d’éloignement dans le temps. Il y a plusieurs ouvertures ou/et fermetures à l’iris dans ce film. En général pour ponctuer des étapes ou souligner des moments forts émotionnellement : passage de la prison à la diligence. Victor vient de recevoir son nom, il est heureux sous la pluie : mouvement, pluie et cris. le fondu enchaîné permet le plus souvent une ellipse dans le temps et/ou l’espace.
Passage de la forêt à la maison d’Itard : les deux personnages sont désormais liés grâce à l’article de journal. Mouvement caméra => pensée du docteur => fondu enchaîné => enfant dans paille. Après la fuite de Victor de la grande/traversée du village fondu en chaîné presqu’au noir. Passage de la nature et de l’eau sauvages à l’univers clos, construit et à l’eau enfermée de l’institut. Ce passage est souligné par le mouvement de caméra qui s’éloigne de l’arbre par un travelling arrière accompagné d’une plongée.
Autre procédé de montage : « cut » Utilisation dans les deux premières séquences où il amène suspense et violence. Raccord cut sur le mot : Itard écrit le mot gendarmerie/ la gendarmerie de Rodez . « les Parisiens veulent te voir »/ scène avec les Parisiens. Raccord sur regards (36mn). Le montage explique d’une façon très sobre pourquoi Victor brise son bol.
1) Victor arrive chez les Lémeri ; l’armoire est fermée.
2) vue sur la brouette abandonnée (ce que voit Victor).
3) retour sur l’armoire, pb de la clé.
4) plan sur Itard qui observe et arrive. Grande profondeur de
champ : Lémeri aussi observe la scène.
5) Victor obtient son lait et retourne à la fenêtre, voit la
brouette et casse son bol. Itard ne peut pas comprendre. Voix
off , les pensées d’Itard/ écrit son journal . Ellipse du voyage
à Paris puis bougie, raccord sur musique et bougie à nouveau .
Conclusion
Ne sommes nous finalement pas plus que des animaux instruits?
Une des grandes différences entre les hommes et les animaux est la parole. Aucun animal n’a de langage aussi développé que celui des hommes. Il peut répondre à une question explicitement juste avec la parole. L’homme est aussi un animal qui a des idées sur le juste et l’injuste. Il passe des sens : ce qu’il ressent, plaisir, douleur, bien, mal, a un sentiment d’utile ou de nuisible, qu’il associe au bien ou au mal pour arriver à un sentiment de juste et d’injuste. Pourtant, il existe bel et bien des hommes qui n’ont pas ces sentiments et ces facultés qui relèvent de la culture. Elles ne sont pas innées et on ne peut pas les développés sans un minimum d’éducation, pourtant alors que ces être devrais êtres des « animaux », ce sont quand mêmes des hommes. Par exemple, Victor, l’enfant sauvage, trouvé à l’age de 6 ans dans l’Aveyron était bel et bien un homme et non un animal, même si il en avait les apparences… Le Docteur Itard qui l’a recueilli a quand même réussi à commencer à l’instruire, et même si il était trop tard dans le processus de développement pour l’instruire correctement et au maximum des ces capacités (son cerveau avais passé l’âge pendant lequel il aurais du être exploité pour être développé normalement), il a quand même réussi à lui apprendre à parler et à lui faire perdre ses habitudes d’enfant sauvage, d’animal. Victor réussi à apprendre une partie du langage humain, ce qui aurait été impossible sans la culture, puisque il se développe avec de la pratique et en écoutant d’autres personne l’utiliser. L'enfant sauvage n'est pas plus sauvage qu'un autre être humain. C'est le regard cruel exprimant la différence porté sur lui qui en fait un « sauvage », un monstre.... « Un peu didactque parfois, l'enfant sauvage fait preuve d'une grande Humanité »
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